Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/461

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— Comment ! vous avez déjà tué les jaguars ? chef, dit vivement don Rafaël.

— Mon frère verra ; les peaux sont très belles, elles sont dans la cour.

— Allons ! allons ! chef, dit l’aïeul en lui tendant la main, je vois que vous voulez toujours être notre Providence.

— Mon père parle bien, fit le chef en s’inclinant, le Maître de la vie le conseille ; la famille de mon père est ma famille.

Après le repas, je fus conduit par don Rafaël dans une confortable chambre à coucher, où je ne tardai pas à m’endormir, vivement intrigué par tout ce que j’avais vu et entendu pendant cette soirée.

Le lendemain, mes hôtes ne consentirent jamais à me laisser partir ; je dois avouer que je n’insistai pas beaucoup pour continuer mon voyage. Non seulement j’étais charmé du bienveillant accueil que j’avais reçu, mais encore une curiosité secrète me poussait à rester quelques jours.

Une semaine s’écoula.

Don Rafaël et sa famille m’accablaient de prévenances gracieuses, la vie se passait pour moi dans un enchantement continuel.

Je ne sais pourquoi, mais depuis mon arrivée dans l’hacienda, tout ce dont j’étais témoin augmentait encore cette curiosité qui m’avait saisi dès le premier moment.

Il me semblait qu’au fond du bonheur que je