Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/91

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Alors commença la véritable poursuite indienne. Les deux chasseurs, après avoir fait prendre la voie à leurs limiers, se glissèrent silencieusement sur leurs traces, rampant sur les genoux et sur les mains au milieu des hautes herbes, l’œil au guet et l’oreille aux écoutes, retenant leur souffle et s’arrêtant par intervalle pour humer l’air et interroger ces mille bruits de la prairie que les chasseurs perçoivent avec une facilité inouïe et qu’ils expliquent sans hésiter.

Le désert était plongé dans un silence de mort.

À l’approche de la nuit dans ces immenses solitudes, la nature semble se recueillir et préluder dans une religieuse adoration, aux mystères des ténèbres.

Les chasseurs avançaient toujours, redoublant de précautions et rampant sur deux lignes parallèles.

Tout à coup les chiens tombèrent silencieusement en arrêt. Les braves animaux paraissaient comprendre le prix du silence dans ces lieux et qu’un seul cri coûterait la vie à leurs maîtres.

Belhumeur jeta un regard perçant autour de lui.

Son œil étincela, il se ramassa pour ainsi dire sur lui-même, et, bondissant comme une panthère, il s’élança sur un guerrier indien qui, le corps penché en avant, la tête baissée semblait pressentir l’approche d’un ennemi.

L’Indien fut brusquement renversé sur le dos avant qu’il pût jeter un cri d’appel ou de détresse, Belhumeur lui serra la gorge et lui appuya le genou sur la poitrine.