Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/37

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redoutables flibustiers ou boucaniers de Saint-Domingue, qui traitaient d’égal à égal avec les plus puissants souverains.

Ce boucanier devait être un des ancêtres du comte, probablement Ourson-tête-de-Fer lui-même.

Ma préoccupation était si grande que le comte finit par la remarquer ; il suivit la direction de mon regard, et avec une charmante bonhommie :

— Ah ah ! me dit-il, vous regardez cette peinture ? Eh bien qu’en pensez-vous, mon cher compatriote.

— Je pense, monsieur le comte, que c’est un chef-d’œuvre.

— Oui, Philippe de Champaigne excellait surtout dans les portraits, ainsi que vous le savez sans doute.

— C’est donc un portrait, m’écriai-je avec une naïve hypocrisie ?

— Oui, dit-il en relevant fièrement la tête, c’est le portrait de mon aïeul, le capitaine Ourson Tête-de-Fer ; il voulut être peint ainsi dans son costume de boucanier, lors de son retour en France après son mariage.

— Comment ! m’écriai-je ; mais m’arrêtant à propos devant l’énormité que j’allais prononcer, je me tus subitement.

Le comte sourit.

— Ne connaissez-vous donc pas l’histoire de ce célèbre chef des Frères de la Côte, reprit-il ?