Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/268

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quelles il était contraint de se soumettre, il en était une qui avait surtout la faculté de l’horripiler affreusement, mais dans les rets de laquelle il était si complétement garrotté, qu’il lui était impossible de s’y soustraire.

C’était cette implacable étiquette qui se glissait partout à son insu, s’emparait de tous les actes de sa vie, et lui enlevait ainsi toute la liberté de ses mouvements.

Accoutumé à la vie au grand air, toute de fantaisie et d’imprévu, n’ayant jamais eu d’autre loi que son caprice, habitué à une entière liberté d’actions, de costumes et de langage, riant, chantant où et quand cela lui plaisait, sans que nul eût le droit d’y trouver à redire ; ayant, en un mot, toujours été son maître, Olivier souffrait horriblement de la contrainte dans laquelle il était perpétuellement obligé de vivre, aussi bien dans son intérieur, sous les yeux d’argus de ses domestiques, que dans le monde, sous le feu des regards fixés sur lui, l’épiant sans cesse et prêts à saisir et à profiter du moindre oubli, de la plus minime négligence.

Souvent il se demandait sérieusement comment il était possible que des hommes doués de bon sens et d’intelligence consentissent à se rendre ainsi volontairement esclaves, sans autre dédommagement que celui d’éclabousser et d’écraser de leur luxe et de leur faste ridicule quelques pauvres diables qui les admiraient et les enviaient de confiance : sans se douter de ce qu’il y avait de honteuse et méprisable bassesse sous tous ces oripeaux sincèrement étalés.

Alors Olivier souriait avec dédain, et se mettait