Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/51

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Dieu envoya la famine sur notre terre russe ; le peuple se lamentait, mourant dans les tourments delà faim. J'ouvris mes greniers, je prodiguai l'or, je leur donnai du travail. Eh bien, c'est moi que les insensés maudissaient. Des incendies dévorèrent leurs maisons ; je les fis reconstruire, et c'est encore moi qu'ils accusaient de leur ruine. Voilà ce qu'on nomme le jugement du peuple ! Qui donc voudrait rechercher son amour. Je voulais trouver du moins le bonheur dans ma famille, et rendre ma fille heureuse par un mariage de son choix ; la mort, comme une tempête, emporte le fiancé, et là encore la renommée accuse perfidement du veuvage de ma fille moi, moi, malheureux père. Quiconque meurt, c'est moi qui suis son assassin secret. C'est moi qui ai hâté la fin de Féodor ; moi qui ai empoisonné ma sœur la tzarine, devenue l'humble religieuse ; moi, toujours moi. Ah ! je le sens, rien ne peut nous consoler au milieu des maux de ce monde, rien, rien.... Je me trompe, la conscience peut le faire. Saine et pure, elle triomphera de tout,