Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/70

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Tout ceci, frère, forme une telle confusion, que la tête en tourne. Il n'est pas à douter que ce ne soit un imposteur ; mais le danger est grand. C'est une nouvelle grave, et si elle parvient jusqu'au peuple, elle soulèvera une terrible tempête.

POUCHKINE.

Une telle tempête, que le tzar Boris aura grand'peine à retenir sa couronne sur sa tête intelligente ; et ce sera bien fait. Il nous gouverne comme le tzar Ivan le.... Ce n'est pas un nom à prononcer la nuit. Quel avantage y a-t-il à ce que les supplices restent secrets, à ce que nous ne chantions pas devant tout le peuple, sur la terre arrosée de notre sang, des cantiques à Jésus, à ce qu'on ne nous brûle pas en place publique, tandis que le tzar, du bout de son bâton, pousserait les charbons sous nos corps ? En sommes-nous plus assurés de notre pauvre existence ? Chaque jour la disgrâce nous attend, le cachot, la Sibérie, le

capuchon de moine Et puis là, dans le

sourd exil, la mort par la faim ou par le lacet.