Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/54

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par les mêmes moyens qu’ils employent, et pour le même objet qu’ils désirent.

C’est par des exemples, que je vais aisément prouver ce que je viens d’avancer. Les Romains étaient déjà très-corrompus, et leur liberté chancelait, lorsque Marius ayant gagné les suffrages du peuple, devint consul malgré Silla et les Patriciens. Mais, si on examine attentivement ce qu’était Marius, et par combien d’actions vertueuses il s’était distingué, soit à la tribune, soit dans les camps, on verra que le peuple fut très-juste en lui accordant sa faveur, parce que dans des circonstances et des époques marquées, l’éclat de ses vertus fit oublier ses vices.

Les Français n’étaient pas libres, (et malheureusement ils ne le sont pas encore aujourd’hui), mais ils étaient dans une crise favorable à faire naitre la liberté et à fixer pour toujours de justes bornes à une principauté raisonnable, lorsque Henri IV, idole des Français un siècle après sa mort, monta sur le trône. Sully, le ministre intègre de ce bon prince, jouissait alors de sa faveur, et la méritait à tous égards. Mais si on veut mettre à l’épreuve la vertu politique de ces deux hommes, on doit en juger par