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savoir νοῦς, λόγος, φρόνησις, σοφία, δύναμις, δικαιοσύνη, εἶρήνη, qui forment le premier ciel ou le royaume des esprits. De celui-ci émane un second, un troisième, et jusqu’à trois cent soixante-cinq royaumes de plus en plus imparfaits, désignés dans leur ensemble par le nom mystique (Ἄβραξας)[1], dont les lettres, considérées comme chiffres, forment le nombre 365[2]. Le premier ange (ὁ ἄρχων) d’entre les sept de la dernière série est le Dieu des Juifs, le Créateur du monde imparfait des sens et de la matière. Pour délivrer les hommes des liens de ce monde impur, L’Être suprême envoya sur la terre l’æon premier né (νοῦς), qui apprend aux hommes à connaître de vrai Dieu, et les ramène au royaume de la lumière (ἀποκατάστασις). Cet esprit s’unit à l’homme Jésus, au baptême de ce dernier ; que les Basilidiens célèbrent avec solennité (ἐπιφάνεια). Dans sa passion, Jésus, abandonné par le νοῦς, souffrit seul. Dès lors, reconnaître et confesser le Crucifié, c’est rester esclave du Créateur du monde ; mais reconnaître et proclamer le Libérateur[3], c’est s’élever au-dessus des puissances et des anges ; et pourvu que la doctrine du libérateur soit crue et conservée dans le cœur, on peut sans danger la renier au dehors, dans la persécution. Cette doctrine, que peu d’élus comprennent, consiste dans le dépouillement de tout ce qui est physique et corporel, afin que l’âme s’élève, dans la contemplation immédiate, à l’évidence divine, et que la volonté libre et dégagée fasse le bien sans contrainte de la loi extérieure (κατάληψις νοητική). Mais on n’arrive à cette pureté parfaite dans le royaume de la lumière que par une série de métempsycoses. La morale des Basilidiens fut d’abord un ascétisme d’une sévérité extrême, qui se relâcha dans la suite et dégénéra parmi les sectaires de l’Occident, en un antinomisme impudent. Il est question des Basilidiens jusqu’au IVe siècle.

  1. Bellermann, Essai sur le ressemblance des gemmes antiques avec l’Abraxas. Berlin, 1817-19, 3e part. Gieseler, Études et crit. 1830. IIe livr., p. 403.
  2. Il faut faire remonter probablement aux calculs astronomiques des prêtres égyptiens et à la science des nombres pythagoriciens, cette arithmétique des, esprits. Cf. Iren. II, 14, n. 6, p. 134.
  3. Isaïe, XXVIII, 10. קַי לָקָר