Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/22

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L’orgueil romain se soulèverait s’il m’entendait ; cependant, par les raisons que j’ai dites, je ne saurais admettre que les hommes du Palatin fussent dans des conditions où pût se former, sur leur petite colline, au sein de leur population grossière et mêlée, sans

    la vallée Murcia. Or, cette vallée, quand elle eut été transformée en cirque, put contenir près de quatre cent mille spectateurs. Il ne faut jamais négliger la topographie de Rome quand on étudie l’histoire de Rome. Le Cælius, qui à l’est communique avec la plaine, pouvait s’étendre indéfiniment de ce côté. Le mont Aventin, que Denys d’Halicarnasse appelle le plus grand mont de Rome, si on y comprenait toutes ses dépendances, égalerait presque en étendue toutes les autres collines, dit Nibby(R. Ant, I, p. 15). Denys d’Halicarnasse ne donne que douze stades de circonférence à l’Aventin enfermé par les murs (X, 31), mais là où il n’est pas question des murs il lui en donne dix huit (III, 63), trois quarts de lieue. On obtient cette surface en excluant le faux Aventin qui n’est séparé du vrai que par un ravin et en fait réellement partie. Le même historien appelle l’établissement sur l’Aventin une seconde ville ; on voit donc qu’il pouvait tenir beaucoup de monde sur le Cælius et sur l’Aventin. Il est vrai que les deux collines ne purent être données entièrement aux Latins ; cependant, pour le Cælius, il est permis de supposer qu’on en chassa ce qui y restait d’Étrusques depuis Romulus, et que ce fut alors qu’on les fit descendre dans le vieux Tuscus. Pour les Sabins déjà domiciliés sur l’Aventin ils ne purent être dépossédés ; mais une grande partie de cette colline, que tous les témoignages montrent avoir été très-rocailleuse et couverte d’une épaisse forêt, put être abandonnée facilement aux nouveaux venus. Sans doute les Sabins avaient habité l’Aventin avec les Pélasges, mais il ne paraît pas que depuis que l’Aventin était devenu la propriété des rois d’Albe, les Sabins y aient été très-nombreux, bien que plusieurs de leurs anciens sanctuaires y aient subsisté ; car, à l’époque de Virginie, une grande partie de l’Aventin put être distribuée aux plébéiens dont-il était un des berceaux.