Page:Anatole France - Balthasar.djvu/175

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la pure lumière du matin visitant sa chambre bleue, où elle croyait être. Car son esprit, engourdi par le sommeil, ne lui rappelait pas l’aventure du lac. Mais elle avait beau se frotter les yeux, les Nains n’en sortaient pas ; il lui fallut bien croire qu’ils étaient véritables. Alors, promenant ses regards inquiets, elle vit la forêt, rappela ses souvenirs et cria avec angoisse :

— Georges ! mon frère Georges !

Les Nains s’empressaient autour d’elle ; et, de peur de les voir, elle se cachait le visage dans les mains.

— Georges ! Georges ! où est mon frère Georges ? criait-elle en sanglotant.

Les Nains ne le lui dirent pas, par la raison qu’ils l’ignoraient. Et elle pleurait à chaudes larmes en appelant sa mère et son frère.

Pau eut envie de pleurer comme elle ; mais, pénétré du désir de la consoler, il lui adressa quelques paroles vagues.

— Ne vous tourmentez point, lui dit-il ; il serait dommage qu’une si jolie demoiselle se gâtât les yeux à pleurer. Contez-nous plutôt votre histoire, elle ne peut manquer d’être divertissante. Nous y prendrons un plaisir extrême.