Page:Anatole France - Balthasar.djvu/93

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sons. Pourtant il conviendrait de nous souhaiter la bienvenue, puisque nous apportons la bonne nouvelle.

Ayant ainsi parlé, l’étrangère étendit le bras vers ses compagnons, et, désignant chacun d’eux tour à tour :

— Ce vieillard, dit-elle, qui tourne vers toi, femme, son regard lumineux, c’est Cédon, l’aveugle de naissance que le maître a guéri. Cédon voit aujourd’hui avec une égale clarté les choses visibles et les choses invisibles. Cet autre vieillard, dont la barbe est blanche comme la neige des monts, c’est Maximin. Cet homme jeune encore et qui semble si las, c’est mon frère. Il possédait de grandes richesses à Jérusalem ; près de lui se tiennent Marthe, ma sœur, et Mantille, la fidèle servante qui, dans les jours heureux, cueillait les olives sur les collines de Béthanie.

— Et toi, demanda Læta Acilia, toi, dont la voix est si douce et le visage si beau, quel est ton nom ?

La juive répondit :

— Je me nomme Marie-Madeleine. J’ai deviné aux broderies d’or de ta robe et à l’innocente fierté de ton regard que tu étais la femme d’un