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commune. » Ils recueillaient « l’obole des nonnes pour la guerre sainte. » Quatre-vingt-seize cercles catholiques, l’œuvre de Notre-Dame des Armées, qui disposait d’un budget montant à un million et demi de francs, se réunirent à ces religieux.

Les républicains parlementaires, qui n’avaient pas su se porter à temps entre leurs électeurs et les nationalistes et avaient laissé l’antisémitisme envahir l’opinion à l’aide des mensonges qu’ils avaient craint de combattre, regardaient surpris, inquiets, cette entrée en campagne de l’armée noire. M. Léon Bourgeois, dans un discours prononcé à la Chambre, le 16 novembre 1897, dénonça l’audace croissante des congrégations, signala avec terreur la toute-puissance des influences catholiques dans l’armée, montra, dans les villes de garnison, les officiers allant à la messe pour ne pas compromettre leur avancement et envoyant leurs enfants chez les moines, qui les élevaient dans la haine et le mépris du pouvoir civil. La Chambre ordonna l’affichage. Mais ces moines, retranchés dans les crimes de l’État-major, quelle folie de croire qu’on pourrait en venir à bout sans les débusquer de leur inexpugnable mensonge ! On voulait en finir avec les congrégations en armes, et l’on n’osait pas même regarder en face leur formidable machine de guerre, l’affaire Dreyfus ! L’audace des religieux, qui semblait poussée à son extrémité, s’accrut. Ils excitaient et stupéfiaient les foules flottantes par des promesses fallacieuses et de grossières impostures. Ils entraient dans les com-