Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/88

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Il n’y avait rien à répondre. Madame Marmet était une espèce de dame de compagnie tout à fait honorable, et désignée spécialement pour l’Italie, où son mari, Marmet l’Étrusque, avait fait des fouilles dans les nécropoles. Il demanda seulement :

— L’avez-vous prévenue ? Et quand pensez-vous partir ?

— La semaine prochaine.

Il eut la sagesse de ne rien objecter pour le moment, jugeant que l’opposition ne ferait qu’affermir un caprice sans consistance, et craignant de donner un corps à cette idée folle. Il glissa.

— Assurément, c’est une agréable distraction que les voyages. J’ai pensé que nous pourrions, au printemps, visiter le Caucase, le Turkestan, la Transcaspie. Voilà un pays intéressant et peu connu. Le général Annenkoff mettrait à notre disposition des voitures, des trains entiers, sur la voie ferrée qu’il a construite. C’est un ami à moi ; vous lui plaisez beaucoup. Il nous fournira une escorte de cosaques. Cela ne manquera pas d’allure.

Il s’obstinait à vouloir la prendre par la vanité, ne pouvant s’imaginer qu’elle ne fût pas d’âme mondaine et, comme lui, poussée par l’amour-propre. Elle répondit négligemment que ce serait