Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/287

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la femme du doyen ; chez madame Leterrier, la femme du recteur ; chez madame Ossian Colot, la femme du directeur de la prison ; chez madame Surcoux, la femme du greffier ; chez toutes les dames de la moyenne bourgeoisie. Car elle n’était admise ni dans la noblesse ni chez les gros capitalistes. Et dans chaque salon elle se répandait en plaintes sur M. Bergeret et chargeait son mari de tous les torts bizarres que lui suggérait son imagination faible mais concentrée. Elle l’accusait notamment de la séparer de ses filles, de la laisser sans argent, et, déserteur du foyer, de courir les cafés et peut-être les tripots. Partout elle gagnait des sympathies, inspirait le plus tendre intérêt. La pitié qu’elle faisait naître grandissait, s’étendait, montait. Madame Dellion, la femme du maître de forges, qui ne pouvait consentir à la recevoir, puisqu’elles n’étaient pas de la même société, lui faisait savoir du moins qu’elle la plaignait de tout son cœur et qu’elle