Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/107

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Ne ressent pas le coup dont il vient d’être atteint,
Mais continue à vaincre, et n’y porte la main
Que quand ses compagnons ont défait son armure.
Je ne veux pas savoir si j’ai quelque blessure ;
La Patrie aujourd’hui me prend dans son orgueil.
Mais plus tard, mais demain, si mon âme est en deuil
Et lourde de chagrin, j’aurai droit de permettre
À mon front délauré de le laisser paraître.
L’ombre tombe, ô vieillard, je vais vers la cité,
Mais si notre propos brusquement arrêté
Laisse quelque regret et quelque incertitude
En ton cœur, ne crois pas que mon départ élude
Le terme où s’achemine un débat commencé.
Si tu veux le reprendre où ce soir l’a laissé,
Tu le pourras, vieillard ; et qu’une autre rencontre,
Nous menant jusqu’au bout l’un par l’autre, démontre
À chacun de nous deux cette part de raison
À quoi même une erreur de notre esprit répond,
Tant qu’il reste vraiment loyal, brave et sincère.


Le Vieillard.

Je le voudrais, guerrier, plus que toi. Considère
Que j’emporte, ce soir, un esprit que le coin