Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/123

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Déesses de lumière, et les chastes délices
De celui qui, poussant sa lampe de la nuit,
À sa fenêtre attend le premier jour qui luit,
Il est vrai que l’Aurore et l’Aube, juste écloses,
L’une en ses voiles blancs, l’autre en ses voiles roses,
De leurs mains d’air suave ont rafraîchi mon front !
Dès que leur virginale allégresse interrompt
La veille studieuse où souvent je m’attarde,
Je me lève, vers leur sourire je regarde,
Et je laisse en mes yeux pénétrer leur clarté,
Jeunesse, foi, candeur, tendresse et pureté.
Ce matin, ô guerrier, j’avais plus besoin d’elles,
Les deux divines sœurs, les chères, les fidèles !
J’ai vu le pâle ciel les attendre et trembler,
Et je leur ai donné mon cœur à consoler !
Leur geste transparent qui sème la rosée
A posé sa caresse à ma face apaisée ;
J’ai senti se calmer le feu de mon cerveau !
Qu’elles s’envolent vite ! Et lorsque le flambeau,
Plein des fièvres du jour, que le matin rallume,
Monta plus dévorant vers midi, l’amertume,
Le doute, le chagrin reparurent en moi,
Et je reviens, ce soir, avec le même émoi
Dont tu vis que mon âme était hier troublée.