Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/125

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Et peut-être, sous la beauté de celui-ci,
Si sereine et si grave, ô vieillard, ton souci
S’apaisant par degrés laissera ta parole
S’en aller aux pensers dont la grandeur console,
Comme sait consoler la Nuit au sein profond :
Plus hautement que tout, et pour un temps plus long.


Le Vieillard.

Je suis le vieil ami de l’Aube et de l’Aurore.
Ma vieillesse leur fait sa cour et les adore,
Et la seule rosée à mes yeux est la leur !
Par un secret désir, sans doute ce qui meurt
Se sent-il attiré vers ce qui vient de naître ;
Et toi-même, plus tard, ouvriras ta fenêtre,
Non vers les ors rougis et lassés du couchant,
Mais vers l’or clair, l’or pur, l’or candide et touchant,
L’or du jeune Orient, et que viennent déclore
Les deux Vierges de l’air, l’Aube et sa sœur l’Aurore ;
Tu les sauras aimer lorsque tu seras vieux.
Elles, l’honneur, le charme et la pudeur des cieux !
Et peut-être qu’aussi mon besoin d’espérance
Chérit celle qui passe en leur fraîche présence !