Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/137

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Dont je suis douloureux et comme empoisonné.
Et c’est pourquoi, guerrier, moi qui suis ton ainé,
Je veux savoir de toi comment tu peux encore,
Dans ce mal que tu dis que ton esprit abhorre,
Garder pourtant le goût d’exister et d’agir,
Et créer du présent pour un tel avenir.


Le Guerrier.

Toi dont les ans neigeux ont couronné la tête,
Je ne peux obéir, ô père, à ta requête
Que surpris et confus ; ma honte est grande en moi
Puisqu’elle est mesurée à mon respect pour toi.
Cependant obéir est du respect encore,
Et quelquefois en nous, la vie a fait éclore
Une sagesse étrange et plus sage que nous.
De ce que je dirai que je sois donc absous :
Sous l’insensible empire et l’acte du langage.
Il se peut que je parle en oubliant mon âge,
Mais ce ne sera point en oubliant le tien.


Le Vieillard.

Tu parleras, sois sûr, mon fils, comme il convient.