Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/140

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Le pont qui lui permet de revenir vers toi !
Ou plutôt tu fus pris d’un trop hâtif effroi.
Car tu n’as rien perdu de ce que tu réclames.
Ce rare sentiment, dont tu dis que les flammes
Te surprennent en moi, n’est autre que celui
Dont la noble clarté, t’ayant toujours conduit,
N’a pas à s’altérer pour toujours te conduire.
S’il me suffit à moi, ne peut-il te suffire
Sans que ta vie ait rien, vieillard, à regretter ?
C’est un même souhait qui se peut ajuster,
Contre un même ennemi plus lointain ou plus proche,
Sans qu’un des deux soldats mérite un seul reproche,
À la fronde incertaine et vague de l’Espoir,
Ou placer dans le poing robuste du Devoir,
Attaque moins distante et plus sûre défense !
Et puisque, dans tes yeux, je vois la patience
Et comme le désir que j’aille encor plus loin,
Voici par quels degrés, vieillard, mon cœur rejoint
Ton cœur, dans ce troublant et terrible mystère,
Sur qui j’ai plus souvent coutume de me taire.


Sous la rigidité des inflexibles lois
Qui gouvernent nos sorts par dessus nos émois,