Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/141

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Et resserrent le court jeu de nos tentatives.
Comme l’acte de l’eau se limite à ses rives ;
Alors que nous savons qu’on ne peut pas fléchir
Les faits où le passé se change en avenir.
Ni, pour nos voluptés ou nos terreurs humaines,
Faire gauchir vers nous les larges phénomènes
Qui sont les battements vitaux de l’Univers,
Ses profonds nœuds de force, et dont l’obscur revers
Nous cèle la morale et la raison du monde ;
Encor qu’à nos efforts nul effet ne réponde,
Continue, ô vieillard, d’enseigner la bonté !
Ne laisse pas périr, en ton cœur attristé,
Ton désir d’Union, de Paix et de Concorde !
Si le firmament sombre et sans miséricorde
Ferme son morne airain à tes fervents souhaits,
Si la terre est ingrate à porter ces bienfaits
Ils existent du moins comme un don de toi-même !
Le Mieux reste, par eux, posé commue un problème
Que la gloire de l’homme est d’avoir inventé ;
Et, dans sa vie où rien n’a plus de vérité
Que ce que son cerveau crée et produit de rêve.
Un noble espoir, fut-il inexaucé, l’élève
Au-dessus de l’Aspect qui passe à travers lui !
L’éclair intérieur qui dans ses yeux a lui.