Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/142

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En quoi donc est-il moins réel que la lumière ?
El les mots de bonté que sa lèvre profère,
Moins vrais que le puissant grondement des lions ?
Et c’est pourquoi, vieillard, sois sûr que les rayons
De douceur, de pardon et de mansuétude,
Qui vont de ton esprit vers notre inquiétude,
Ont la réalité du froment et du pain.
Ce timide flambeau qui vacille en ta main,
Il n’existe pas moins que les vastes ténèbres ;
Et leurs espaces noirs, inertes et funèbres,
Sous leurs vides glacés ou leur poids orageux,
Ne peuvent empêcher qu’il ne scintille en eux.
Tout le dévastateur ouragan de la guerre
Ne fait que consacrer cet autel solitaire
Où brille, autant que lui, la lueur des pitiés.


Dans cet universel torrent d’inimitiés
Où la fortune aveugle à la force s’enlace,
Pour donner, pour ôter, à l’une ou l’autre race
Le précaire dépôt du règne et du pouvoir,
Il convient qu’il y ait des prêtres de l’espoir
Oui préservent en eux un culte de justice !
Dans l’immense holocauste et dans le sacrifice