Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/152

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À quoi sert quelquefois ce qui paraît détruire,
Vers quelle éclosion un dégât peut conduire !
Dans ce chaos de heurts et de nécessités,
En qui nos quelques jours présents nous sont comptés,
Ainsi que des nageurs tombés dans des rapides,
Nous frappons les remous furibonds ou perfides,
Selon le bond du flot qui va nous submerger ;
Nous suivons le farouche instinct de surnager,
Et, sans voir au delà, nous poussons nos brassées
Dans ces tourbillons d’eaux autour de nous dressées !
Quand sur leurs flancs croulants nous sommes suspendus,
Qui nous reprochera les gestes éperdus
Par lesquels nous sauvons un instant notre vie ?
Ainsi notre action diverse est asservie
À la vague de force où nous sommes plongés,
Et nos actes seront injustement jugés,
S’ils le sont, séparés de la fatale étreinte
Où leur brève énergie et leur forme est astreinte.
Et c’est pourquoi certains d’entre nous sont soldats :
Ils sont nés ou jetés dans des temps de combats :
Leur fonction présente, urgente et nécessaire
Est de porter l’airain et de faire la guerre,
Tant que la guerre reste un moyen d’exister.
D’autres sont pour les arts, d’autres, pour inventer