Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/153

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Ce qui rend notre sort moins étroit et plus riche,
D’autres, pour manier le hoyau qui défriche
Et prépare l’espace au domaine des blés.
D’autres, pour haranguer les hommes assemblés,
D’autres, pour consoler les mourants dans leurs fièvres
Et les laisser mourir une espérance aux lèvres.
D’autres, pour éclairer les phares dans la nuit ;
Tous, ils œuvrent la vie humaine. Devant lui
Chacun a son travail diversement utile :
Seuls, le bras fainéant, et la main imbécile,
Et le cœur dénigrant ce qu’il n’entreprend pas
Sont des rameaux séchés sur des terrains ingrats.


Accomplis donc ta tache, ô vieillard ; persévère
À prêcher la bonté, sachant que ton salaire
Sera ta bonté même, et non de prévaloir
Contre d’obscures lois que ne peut entrevoir
Ton esprit, même alors que le Mieux est son rêve ;
Que ton effort plus pur pour lui-même s’achève !
Et puisqu’en des instants salutaires et doux,
Nos chagrins dans l’espoir sont quelquefois dissous,
Reste semeur d’espoir ! Comme il faut des poètes,
Dont les rythmes, sous l’or des nuits, font que nos têtes