Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/155

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Le Vieillard.

Que ces mots me sont doux, guerrier, et qu’ils sont beaux !
Ils semblent avancer en portant des flambeaux
Qui sont d’or généreux ou de bronze héroïque ;
Leur bienfaisante flamme et leur clarté stoïque,
Sur le mystérieux parcours de ce débat,
Jettent, en s’unissant, un magnanime éclat.
On ne peut, ô mon fils, s’empêcher de les suivre,
Comme on suit un cortège ardent, quand l’air est ivre
D’hymnes, de chants de lyre et d’appels de buccins,
Et qu’un choral puissant, jailli de tous les seins,
S’élevant triomphal, sur les fronts, comme une arche,
Proclame la grandeur du Dieu vers qui l’on marche.
Au flot d’enthousiasme on se jette entraîné,
Poussant l’élan commun au Temple deviné,
Et recevant le Dieu dans le chant qui l’adore.
Ainsi fais-je, mon fils ; et permets que j’honore
Ce propos que ta voix sait encore ennoblir,
Du respect le plus haut que je puisse t’offrir :
J’y reconnais, ô fils, le grand cœur de ton père,
Qui fut bon, qui fut fort et noblement austère.