Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/156

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Le Guerrier.

Je salue, ô vieillard, son souvenir en toi !
De lui, vient, je le sais, tout le meilleur de moi,
Et j’ai pour seul effort de n’être pas indigne
Du devoir que son nom, son exemple m’assigne !


Souffre encor, cependant, un mot pour achever :
Artistes et penseurs ne sauraient cultiver
Leur paisible jardin, pourpre des fleurs du rêve,
Que sur le sol sacré que sauvegarde un glaive.
Le rucher où frémit leur délicat effort,
Il faut un bruit de fer pour en garder l’abord ;
Et ce n’est qu’en voyant, sous vos calmes verdures,
À travers vos rosiers l’éclat de nos armures,
Que vous pouvez greffer, sur d’antiques rameaux,
Des délices récents et des pensers nouveaux,
Pour y perpétuer les fleurs de joie humaine.
Afin que vous viviez à l’abri de la haine,
Dans vos essais heureux de beauté, de bonté,
Il faut que d’autres gens, vieillard, aient accepté,