Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/157

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Liés au joug d’airain des rudes disciplines,
De vous en protéger, en rangeant leurs poitrines
Au devant des dangers par vous-même excités,
Car vous faites l’attrait et le prix des cités !
Et crois en mon aveu, vieillard, la récompense
Où chacun d’entre nous s’affermit, est qu’il pense,
Au milieu des périls et d’un spectacle affreux,
Qu’il défend avec vous le trésor des aïeux,
Le trésor de vertus, de beautés, de pensées,
Par des travaux pareils aux vôtres, amassées,
Et que vous transmettrez plus précieux encor !
C’est par notre rigide et vigilant accord.
Que l’art peut disperser ses fines fantaisies,
Ou parfaire à jamais quelques heures choisies
Aux fertiles loisirs de jours profonds et purs,
Et vos fruits d’or, vieillard, mûrissent sur nos murs !
Et c’est pourquoi, vois-tu, c’est une ingratitude
Parmi vos clairs bosquets d’art, de rêve ou d’étude,
Lorsque nous revenons d’avoir vaincu pour vous,
De jeter un regard ironique ou jaloux
Sur nos lauriers d’un jour. La raison de ces fêtes
Est d’avoir conservé, dans l’œuvre que vous faites,
Le génie et le nom lui-même du pays.
Ne nous enviez pas ces pœans et ces cris,