Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/158

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Ni ce qu’ont de bruyant nos triomphes ; peut-être
Nos fronts, vieillard, n’ont pas longtemps à les connaître.
Sachez voir que ce sol doit être défendu
D’autant plus âprement que vous l’avez rendu
Plus fameux par vos chants, plus riche d’édifices,
Plus fécond en vertu, moins abondant en vices,
Car il est d’autant plus âprement convoité.
Ne nous marchandez pas notre entière fierté
De protéger en vous l’honneur de la Patrie ;
Bien plutôt rendez grâce à la terre meurtrie
Par le piétinement sanglant de nos combats,
Et portez sur la stèle où des noms de soldats
Sont inscrits dans le bronze et qu’une palme honore,
Quelques-unes des fleurs qui leur doivent d’éclore !


Je dis plus : le Progrès n’est gardé qu’à demi
Tant qu’il n’est défendu que contre l’ennemi.
Au fond de chaque peuple est la tourbe grossière
Où tout ce qui déchoit et ce qui dégénère
Rejoint les éléments lourds, à peine sortis
Du limon des premiers et brutaux appétits.
Un long ferment obscur mélange et coalise
La haine des premiers avec la convoitise