Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/160

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Et de férocité, dans la boue et le sang !
Reconnais-le, vieillard, il faut un frein puissant
À la brute qui gronde au pied de la colline.
Elle conserve encor la hideuse origine
Où l’être primitif, né des marais fangeux,
N’avait que le carnage et le rut pour ses jeux.
Elle veut la gravir pour en piller la vigne
Et ce temple de marbre à la blancheur de cygne
Qui préserve au sommet, entre ses murs sacrés,
La chryséléphantine image du Progrès.
Mais il faut repousser sans cesse les attaques
Du monstre renaissant sans cesse en ses cloaques,
Vers qui vont lentement la culture et les blés.
Qui sait si ces bas fonds seront jamais comblés !
Pour qu’ils le soient un jour, et moins longtemps attendre
Leur lointaine conquête, il nous sied de défendre
Le terrain défriché qui doit gagner sur eux,
Dont la moisson contient les semences du Mieux
Qui feront reculer les bords du sol inculte.
Ainsi, de tous côtés, votre paisible culte
D’étude, de bonté, de sciences et d’arts,
Réclame des soldats veillant sur des remparts !