Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/162

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Puisqu’ils connaîtront mieux ce que ton âme vaut,
Et qu’à te mieux connaître on t’estime plus haut ;
Et j’unirai, dans plus d’une heure solitaire,
Le souvenir du fils à l’image du père.


Les deux hommes se lèvent du banc et font
quelques pas jusqu’au petit mur circulaire qui
domine la plaine. Ils la regardent un instantia
sans se parler.                                                

Le Guerrier.

Et maintenant, vieillard, le soir est descendu.
À peine l’horizon encor reste fendu
D’une ouverture d’or qui s’abaisse et se ferme ;
Les monts majestueux qui s’étendaient sans terme
Ne se découpent plus que sur le champ étroit
De ce peu d’or pâli qui derrière eux décroit ;
La campagne embrumée, où la nuit va s’épandre,
A pour seule clarté le livide méandre,
D’un argent froid et mort, du fleuve qui tantôt
Était riche de ciel et portait sur son flot
Le reflet des hameaux, des arbres et des rives.
Près de nous, le bosquet des yeuses pensives