Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/22

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Inaptes à connaître, à comprendre, à prévoir,
Ils réduisent l’histoire à leur propre ignorance,
Et ravalent si bas qu’il ne peut plus déchoir
Un pouvoir sans dessein, sans voie et sans constance.


Les injures, les cris, les lieux communs hurlés,
Les pourparlers furtifs de marchés et de brigues,
L’invective écumante, et les fiels exhalés,
Et des brutalités sur des replis d’intrigues,


Tels sont, de jour en jour, les tableaux affligeants
D’infamie à la fois sournoise et frénétique,
Qu’inflige à nos regards ce ramassis de gens
Où pas un cœur ne bat pour la chose publique.


L’étranger qui les voit emporte le mépris
Et d’eux et du pays qui permet qu’ils gouvernent ;
Et les bons citoyens jalousent les proscrits
D’être loin des laideurs dont leurs yeux se consternent.


À travers la contrée un despotisme épars,
Occulte, fourbe et lourd, se propage et s’enfonce ;
La peur et le soupçon y mêlent leurs brouillards,
Et dans ce demi-jour chacun tremble et dénonce !