Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/23

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L’âpre corruption délabre un peuple entier,
Et, dans un dépravant et servile embauchage,
Des bas emplois publics faisant un seul métier,
Y suspend tout travail, et tarit tout courage ;


En trafic mutuel, corrupteurs, corrompus,
S’achetant, se vendant, se marchandant l’un l’autre,
Échangent, tour à tour mendiants ou repus,
Pour chaque heure où l’on rampe, une heure où l’on se vautre !


Le vieux sol paternel n’est qu’un vaste marché
Où bruit de toutes parts un murmure d’enchère ;
Sur les piliers publics le prix est affiché
Que chacun vient offrir pour la voix populaire.


La ferme Discipline et l’équitable Loi,
Qui maintiennent un peuple en robuste harmonie,
Ont fui de ce pays, rompu d’un désarroi
Qui tantôt sent le crime, et tantôt l’agonie.


J’avais mieux espéré des temps où je vivrais !
Dans un abîme noir mon attente est tombée ;
J’ai vécu trop de jours pour revoir le Progrès
Faire sur notre sol sa prochaine gerbée !