Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/28

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Auront-ils maintenant un succès sans remords,
Leurs attentats vont-ils ne plus traîner une ombre ?
Si tu te mets parmi les proscrits et les morts,
Ils seront tout, au lieu de n’être qu’un grand nombre.


Si le sénat, auguste encor quand tu parlais,
De toi se fait désert, il devient leur caverne,
Alors que, toi présent, il demeure un palais
Qu’envahit et profane un troupeau subalterne.


Si le dernier écho de la voix des aïeux
Se tait, et si tu prends le chemin des transfuges,
Qui donc enseignera, sous le regard des Dieux,
Et le respect des lois et le mépris des juges ?


Se peut-il qu’au moment où le pays se meurt,
Toi, son plus noble fils, cesses de le défendre !
À qui m’eût annoncé ce suprême malheur
J’aurais dit qu’il était — dût sa mère m’entendre ! —
Un calomniateur et un blasphémateur !


l’Orateur.

Ami, pourquoi veux-tu jeter sur nos adieux
L’amertume et l’émoi d’un injuste reproche ?