Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/29

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Vois ! déjà les remparts rougissent dans les cieux,
La flamme du couchant vers leur sommet s’approche !


Laisse-moi m’éloigner ! Le soir sera tombé
Avant que j’aie atteint le port et la galère ;
Je veux avoir pour lit le tillac recourbé,
Afin d’appareiller à l’aurore première.


Lorsque les matelots chanteront en hissant
L’ancre qui sur ce sol tient encor le navire,
Lorsque le battement, et le long cri glissant,
De la voile qu’on monte, et des agrès qu’on tire,


De l’effort du départ empliront le vaisseau,
Quand les focs s’enfleront, et que la proue agile
De son premier élan aura déchiré l’eau,
Je me retournerai vers la cité servile ;


Sur le bord de la poupe et les deux bras tendus,
Comme pour la prière ou pour le sacrifice,
Implorant que les Dieux, à mes vœux entendus
Accordent un voyage heureux, un vent propice,


Je jetterai tout mon passé, tout souvenir,
Tel que ces exilés qui lançaient une enclume