Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/35

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Regarde ! et sache lire en mes traits ravagés
À quel prix je m’en vais de la terre natale
Y laissant la Patrie et le Droit outragés !
Oui ! tu dis vrai ! j’emporte une âme sépulcrale
Vers ces jours ténébreux que tu m’as présagés !


l’Ami.

Si j’ai dit un seul mot qui te puisse offenser, 
Ami, sois assuré qu’il m’offense moi-même ;
Rien ne peut t’effleurer sans aussi me blesser !
Depuis nos jeux d’enfants je t’admire et je t’aime,


J’ai vu ton fier labeur au labeur s’ajouter,
J’ai vu ton vaste esprit empruntant des ressources
Au cœur plus large encor dont tu voudrais douter,
Et ta grandeur sortir de ces deux nobles sources,


Et c’est pourquoi, prenant à témoin ton passé,
Je veux, fidèle à toi, que tu te continues,
Et tiennes, dans ces temps nébuleux, haut dressé
Ton clair flambeau, parmi le passage des nues :