Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/36

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Je songe que ta vie au magnanime effort
Est un livre trop beau pour que tu le déchires ;
Écris le jusqu’au bout, jusqu’à ce que la Mort
Le passe, en le scellant de ses funèbres cires,
À l’Histoire attentive avec son stylet d’or !


l’Orateur.

Merci de tes mots, frère, et du bien qu’ils me font !
Ils sont fiers et pareils à des feuilles de chênes,
Et semblent me poser cette couronne au front,
Par qui sont trop payés nos périls et nos peines.


L’issue en est aux Dieux ! J’ai fait ce que j’ai pu !
Je sens que j’ai fini ce que je pouvais faire !
Qui voudrait reprocher l’effort interrompu
À l’ouvrier vieilli, sans maître et sans salaire ?


Je ressemble au rameur qui remonte un courant :
Longtemps son énergie est renaissante et neuve,
Sans relâche, il raidit son bras persévérant,
Tant qu’il l’emporte un peu sur la fuite du fleuve ;