Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/42

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Tu peux, seul, affronter et briser leur assaut :
Les combats de l’esprit ne sont pas ceux du nombre ;
Sur des champs d’imposture un seul mot vrai prévaut ;
Un seul astre domine une immensité d’ombre.


Il te suffit, crois-moi, d’attendre et de durer.
Leur camp n’est qu’un marais pullulant de discordes,
On n’y sait que haïr, maudire et conspirer,
Et la fin les attend dont périssent les hordes !


Et toi, qui de l’Histoire es le profond lecteur,
Tu sais bien que jamais un malfaisant régime
N’est plus près de tomber que lorsqu’il est vainqueur,
Parce que c’est alors qu’il commet plus de crime :


Chaque injustice en veut une autre pour appui,
Il répare une erreur par un droit qu’il transgresse,
Il soutient ses méfaits des forces qu’il détruit,
Son désarroi s’étaie à la scélératesse ;


Et lorsque la charpente entière de l’État
N’est que supports disjoints et que poutres pourries,
Le premier coup de vent la fracasse et l’abat
Sur un tas de débris, de poudre et de scories.