Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/43

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Reste donc, tu le dois, reste donc cette voix
Qui plane dans les airs, unique comme l’aigle
Vers qui la foule basse use en vain ses carquois.
Reste à flétrir la Fraude, à proclamer la Règle ;


Reste ce soldat seul qui tient toujours au poing
Le fer d’où partira la prochaine revanche ;
Reste l’avant-coureur qui fait signe de loin,
Et qui montre la route en agitant sa branche !


Les choses d’ici-bas ont d’imprévus retours,
Et le monde, oscillant en sa vicissitude,
Sur des jours ténébreux ramène de clairs jours,
Dont nous ne savons pas entendre le prélude.


Même si pour des temps qui semblent à jamais,
Les Dieux nous ont livrés à cette bande impie,
Si ce peuple a commis je ne sais quels forfaits
Qu’un décret redoutable exige qu’il expie,


Si, sans prochaine issue et sans terme lointain,
Nous devons séjourner dans l’ère expiatoire
Qui surprend un pays, l’arrête et le retient,
Tant qu’il ait dévoré sa fortune et sa gloire.