Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/59

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Pour lesquelles ce corps vaillant a combattu ?
Sous le bronze et le fer dont tu l’as revêtu,
Il a lutté, souffert, haï ; ta main crispée,
Ruisselante du flot que versait ton épée,
L’a, dans les airs, brandie en signe triomphal,
Et tes genoux ardents ont poussé ton cheval
Sur des corps déchirés qui gémissaient encore.
Pour des yeux qui mouraient, tu fus le météore
Pourpre de son éclat et pourpre de leur sang,
Qui vient, brise, flamboie et s’éloigne, en laissant
Un désert qui le suit de silences funèbres ;
Ta splendeur s’est frayé des chemins de ténèbres !
Te voici maintenant vainqueur et parvenu
Sur la cime où tu tiens ce laurier, obtenu
Par l’effort, les fureurs, les flammes, la fumée,
Que dans ton poing farouche a mis la Renommée !


Mais, ô guerrier, t’es-tu demandé s’il n’est pas,
Dans ce triomphe ardent des torches des combats,
Dans ces rameaux cueillis par un geste intrépide,
Quelque chose pourtant d’incertain et de vide
Dont leur gloire bientôt reçoit un goût amer ?
Leur orageux éclat se ternit et se perd