Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/60

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Dans l’éclat radieux, que chaque aube ranime,
D’œuvres et de travaux par qui la vie exprime
Son instinct de créer et son vœu de bonheur.
Quelle grandeur guerrière atteint à la grandeur
De l’homme qui tirant sa gloire de soi-même
S’avance en récoltant ce que son acte sème,
S’édifie un honneur sans cesse reconstruit,
Et ne s’interrompt point de détacher le fruit
Que chaque jour mûrit sur l’effort de la veille ?
Son renom qui s’accroît n’est rien que la corbeille
Où tombent constamment des instants toujours beaux.
Il l’emplit jusqu’aux bords de mérites nouveaux,
Les lauriers à son front rajeunissent leur lustre,
Et plus il a vécu plus il expire illustre.
Heureux celui qui sait et qui sent qu’il produit
Une immortalité dont la source est en lui !
Ah ! que cet homme soit le sculpteur, l’architecte,
Le philosophe en qui tout un peuple respecte
Le verbe d’où naîtra la substance des lois,
Le poëte qui met des ailes d’or aux voix,
Qu’il soit l’orfèvre pâle ou le potier débile
Qui vit les mains toujours pleines de son argile,
Et qui meurt en pensant au vase de demain,
Il a vraiment foulé les hauteurs du destin !