Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/67

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L’ont fixé, l’ont permis ou bien l’ont engendré ;
Et ces brins de laurier dont mon front est paré
Sont le signe de l’ordre inflexible du monde !


Et prends garde, vieillard — s’il faut que je réponde
Aux derniers de tes mots où tremblait du courroux, —
Que ceux qui, comme toi, pacifiques et doux,
Dénoncent les malheurs de la Guerre et son crime
En mots dont l’éloquence est quelquefois sublime,
Ne doivent ce paisible emploi de leur esprit
Qu’à ceux qui, comme moi, leur ont fait un abri,
Où, pendant quelques jours protégés du tumulte,
Quelques hommes heureux peuvent rêver un culte
Qui n’a, noblement vain dans l’airain du réel,
Pour temple que leur cœur et leur front pour autel.
Bienheureux si leur vie expire avant leur rêve,
Et s’ils ne pleurent pas, sous un barbare glaive
Qui taille insolemment un peuple qui déchoit,
Ces lambeaux de Justice, et ces fragments de Droit
Qui naissent de la Force opposée à la Force,
Et forment lentement une croissante écorce,
Que la griffe de l’aigle et celle du vautour
Lacèrent par moments, mais qui grandit autour