Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du pieux chêne où la Guerre attache ses trophées !
Ces armures de bronze, à présent dégrafées,
Et que nous suspendons en chantant à ces murs,
T’apportent, dans leurs trous, des jours calmes et sûrs
Où tu pourras parler de paix et de concorde.
Je souhaite, ô vieillard, que le Destin t’accorde
La mort, sans voir troublé par l’ouragan prochain
Le ciel intérieur de ton rêve serein.


Le Vieillard.

Que t’entendent les Dieux ! ô jeune homme, ton âme
Mérite de brûler d’une plus claire flamme !
Certes, le monde n’est, je ne l’ignore pas,
Qu’un éternel frisson d’innombrables combats,
Où la vie et la mort, dans le néant brassées,
S’arrachant sans pitié leurs forces enlacées,
Se prennent l’une à l’autre, en s’entredévorant,
De quoi nourrir leur morne et sombre acharnement,
Qui fait de la durée un retour de désastres.
Le sage s’est trompé : la musique des astres
N’est qu’un chœur douloureux qui traîne dans les airs
La lamentation du tragique univers.