Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Infatigué pendant des âges, dont la main,
Frappant du Nord au Sud d’un coup toujours certain,
Défriche des forêts et sans relâche émonde
Leurs halliers renaissants aux quatre coins du monde,
Confieras-tu le soin de tenir cet outil
D’un labeur dont, je crois, tu vois mal le péril ?
Quel Hercule, ou plutôt quelle race d’Hercules,
Dans les monts, dans les bois, au fond des péninsules
Que protègent d’affreux marais pestiférés,
Dans les mouvants déserts de soleil dévorés,
Partout où l’homme ancien se reforme et se cache,
Manieront sans répit la meurtrière hache
De la Paix ? Le héros et sa race sont morts !
Pour accomplir leur œuvre, il faut les mille efforts
De mille légions sans cesse secourues,
Et que, sur les chemins, des bandes de recrues
S’en aillent leur porter du sang jeune et des bras ;
Et ton rêve, ô vieillard, fait encor des soldats !


Cela te mène loin ! Ne crois pas qu’il suffise
Qu’un bord de camps lointains protège et tranquillise
Un peuple où ne vit plus l’ancestrale fierté
De sentir qu’en ses mains il tient sa liberté !