Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est des soldats encor qu’il faut pour soutenir
Ta Paix, c’est une armée, et que doivent nourrir
Le vouloir, les efforts, les vœux, le sang et l’âme
D’un peuple entier ! sinon il se prépare un drame
Qui s’ajoute aux récits que l’histoire nous fait
D’empires écrasés, sur lesquels se repaît
Une horde barbare où chaque homme a sa lance.
Considère, vieillard, que si la résistance
Ne va pas jusqu’au fond d’un peuple, il est perdu
Quand l’abri par lequel il se croit défendu,
Sur un seul point, un jour, est ouvert d’une brèche ;
L’armée autour de lui durcit et se dessèche ;
Elle n’est plus lui-même, elle n’est qu’un rempart
Que renverse un assaut ou qu’entrouvre un hasard.


Nous voici loin, tu vois, de ce coup qui châtie
Une race obstinée et trop tard convertie
À ce dogme nouveau que tu vois triomphant !
Et si ton peuple élu résiste et se défend
Contre elle, c’est assez pour de longues durées.
Songe, dans nos cités de trésors plus parées,
Quel butin s’accumule, et quel âpre désir
Peut tout-à-coup parmi ces barbares rugir,
Et les précipiter sur les villes antiques !
Elles ont dans leurs murs des débris de portiques,