Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/89

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Et ceux qu’ils abritaient dédaignaient comme toi
Le guetteur qui montrait les nuages du doigt.
Quelques vices qu’ils aient, les Barbares sont braves,
Leurs corps sont vigoureux, leurs cœurs virils et graves,
Capables de trépas pour leur Dieu, pour leur nom,
Amoureux de combats et de gloire, ou sinon
Avides de butin, tout agités d’audaces,
Pleins de haine et souvent de mépris pour les races
Dont ils voient la richesse et le calme travail,
Et prêts à les traiter comme un lâche bétail
Qui doit appartenir a qui saura le prendre.
Si tu veux que contre eux nous puissions nous défendre,
Nous devons, ô vieillard, nous faire aussi forts qu’eux,
Et tant qu’ils resteront, eux-mêmes, belliqueux,
Demeurer des soldats et préparer la guerre.


Si durant cette paix dont tu parlais naguère,
Les corps perdent leur force en un trop long loisir,
S’ils se font délicats, ou lourds et las d’agir ;
Si les cœurs qu’un repos amollissant entoure,
Et qui n’apprennent plus du péril la bravoure,
Redoutant de souffrir pour n’avoir pas souffert,
Et déshabitués du sursaut âpre et fier