Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/96

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Un long affaissement de loisir et d’ennui,
Dans des jours sans levain, a lentement réduit
L’attente d’autrefois en déception morne.
L’héritage d’efforts, dont le genre humain orne
Le globe qu’il trouva stérile, par degrés
Épuisé dans les mains de peuples désœuvrés
Qui du moindre travail ont fait une habitude,
Manque à la générale et terne lassitude
Où le repos se règle et non plus le labeur.
Une anxiété naît de la lourde torpeur,
Y frémit, y grandit et la pénètre toute.
Un murmure secret de regret et de doute
Court parmi les meilleurs et les plus courageux.
» Le monde a-t-il son terme en ce calme fangeux ?
» Sans la rivalité, la lutte et l’aventure,
» L’orgueil où l’homme prend toute son envergure,
» Le succès dans lequel il prend tout son essor,
» Il s’épuise en des soins rétrécis, et s’endort.
» La parcelle d’espoir que contient toute audace,
» Ce que le besoin a d’agile et de sagace,
» Le creusement d’effort, chaque jour plus profond,
» Qui découvre et qui fait jaillir à notre front
» Les forces qui dormaient dans notre être ignorées,
» La rude ascension d’épreuves engendrées