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annales de la société j. j. rousseau

comprend que le lithographe ne s’en soit pas avisé, mais que des « iconographes » de Rousseau[1] ne l’aient pas aperçu davantage, c’est beaucoup plus extraordinaire. En 1764, Rousseau vivait en Suisse, en exil, et ne s’est pas éloigné de Môtiers ; c’est le 9 juin 1762 qu’il a quitté Montmorency ; il ne reviendra s’installer à Paris qu’en 1770[2]. Il est donc certain qu’à deux reprises Houël s’est trompé, et de deux ans au moins. Nous avons à essayer de rétablir la date exacte du dessin et de comprendre comment Houël, « de retour à Paris », a pu commettre une erreur si singulière et si forte. Mais comme celle-ci suffit à rendre suspecte son exactitude en général, sinon sa véracité, examinons d’abord la vraisemblance de l’ensemble de ces notes.

Sur le lieu de la scène, les indications précises de Houël s’accordent pleinement avec tout ce que Rousseau nous a appris. On sait qu’ayant dû brusquement quitter l’Ermitage, où il habitait depuis le printemps de 1756, il vint, au milieu du mois de décembre 1757. s’établir au village même de Montmorency, dans une maison qu’on appelait Montlouis, bâtie sur l’emplacement de l’ancien château seigneurial depuis longtemps détruit, et de laquelle dépendait encore le reste d’un vieux donjon dont il fit son cabinet de travail ; c’est là qu’il résida jusqu’à sa fuite en 1762, donc pendant

  1. Par exemple, le marquis de Girardin et M. Audigier qui, dans l’art. cit., place tranquillement la scène à l’Ermitage (!), où, dit-il, Rousseau, en 1764, « se reposait de ses déboires ». (!)
  2. Nous savons qu’il est retourné à Montmorency en juillet 1771 pour y herboriser en compagnie d’Antoine de Jussieu. Annales, t. XV, p. 218.