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annales de la société j. j. rousseau

ne sais quoi de simple[1] qui soutient et nourrit l’admiration ».

Sur le Petit Château lui-même, qui nous intéresse particulièrement ici, moins connu sans doute, mais peut-être encore plus digne de l’être, les documents ne font pas entièrement défaut. Nous pouvons l’admirer d’abord dans sa splendeur première (le mot n’est pas trop fort, quoi qu’on l’appelât alors simplement « la maison de M. Le Brun ») grâce à trois grandes estampes du célèbre graveur Israël Silvestre (Cab. des est., m. recueil), qui fut tout du long de sa vie l’ami intime de Le Brun ; les trois pièces doivent dater de l’époque où « la maison » venait d’être terminée, aux environs de 1680 (Silvestre meurt en 1691, un an après Le Brun) ; les deux premières représentent le château sous chacune de ses faces, l’une du côté de la grande pièce d’eau sur laquelle circule une sorte d’élégante gondole portant seigneurs et dames, l’autre du côté des jardins, c’est-à-dire du côté où fut plus tard construite l’orangerie ; la troisième, terminée, paraît-il[2], après la mort de Silvestre, n’est qu’une vue beaucoup moins intéressante des jardins, probablement de la partie plus éloignée de la maison où Crozat devait faire construire le grand château. Sous réserve des libertés qu’un graveur comme Silvestre pouvait ne pas s’interdire, la « maison de M. Le Brun » et surtout son parc devaient faire songer à quelque petit château de

  1. Dans de curieux mémoires, où le talent de Cartaud est vanté et qu’on trouve dans le Portefeuille de Bachaumont (ms. Arsenal), on lit que dans les œuvres de Cartaud, et particulièrement dans le parc de Montmorency, refait par lui, « tout est en grand, noble, simple, magnifique ». C’était l’avis de Rousseau.
  2. Faucheux. Catalogue de l’œuvre d’Israël Silvestre, 1857.