Page:Annales de philosophie chrétienne vol 40, 1850.djvu/288

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jour, tout ce qui existe dans les 10 parties du monde, parce qu’il a tout vu, tout entendu, tout compris, et obtenu l’illumination complète de toute chose, il peut s’appeler Gegen (288-1), « splendeur (288-M). »

13. — Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « L’homme qui fomente ses passions et qui ne s’applique pas à l’étude de la doctrine est semblable à une eau sale dans laquelle on jetterait les 5 couleurs en s’efforçant de les brouiller et de les confondre ; on a beau se baisser vers l’eau, jamais on n’y verra son image. Si on laisse les passions s’agiter, le cœur étant plein de trouble et de confusion, il ne pourra parvenir à la connaissance de la doctrine. Après s’être repenti de son inconduite, et avoir retranché peu à peu ses vices, si on s’approche d’un maître sage et éclairé, l’eau, déposant ses souillures, devient pure et limpide, il est possible alors de se connaître soi-même. Allumez un feu violent sous une chaudière, l’eau entrera bientôt en ébullition ; si, de plus, on recouvre le dessus avec une toile, les hommes auront beau regarder pour s’y mirer, ils ne parviendront jamais à voir leur image. Originairement, il existe au milieu du cœur trois vices ; s’ils viennent à bouillonner au dedans, si de plus on place les cinq couvercles (cinq sens), on ne peut parvenir à la connaissance de la doctrine. Après avoir purifié le cœur de ses souillures et de ses vices, on sait alors la source de la vie ; on connaît la périodicité de la vie et de la mort, tous les royaumes de Bouddha, et les rapports de la vertu et de la doctrine(288-N). »

(288-1). Gegen est un mot mongol, il exprime un degré de la hiérarchie lamaïque.

(288-2). Voir dans notre tome XX, p. 71, la réfutation des doctrines du père Chastel.

(288-M). Ce précepte n’est pas très-clair dans sa dernière partie. On y peut trouver, ce qu’au reste tous les quiétistes y ont trouvé, que les œuvres extérieures n’étaient rien ; qu’il suffisait d’illuminer l’esprit et de l’instruire, et qu’alors, même avec les actes les plus coupables, le cœur restait toujours pur.

(288-N). Il faut bien distinguer ici l’origine première de cette doctrine toute platonique que la connaissance de la doctrine ou de la règle ne peut nous arriver qu’après que nous aurons corrigé nos passions. Nous avons vu dans un de nos derniers cahiers, qu’elle avait séduit même saint Augustin, qui ensuite l’a rétractée(288-2). Elle est encore répétée par un grand