Page:Anonyme - Les Aventures de Til Ulespiegle.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

Mais il ne le trouva pas, et il vit que les peaux sèches et fraîches étaient mêlées ensemble sur le plancher en un gros tas, les unes avec les autres. Il en fut extrêmement chagrin, et il appela en pleurant sa servante et sa femme, ce qui éveilla Ulespiègle, qui cria du milieu du tas de peaux : « Cher maître, qu’avez-vous, pour crier si fort ? » Le fourreur fut tout étonné ; il ne savait ce qu’il y avait dans le tas de peaux ; il dit : « Où es-tu ? – Je suis ici, » dit Ulespiègle. Le maître lui dit : « Ah ! que jamais bien ne t’arrive ! Tu as pris les peaux préparées et les peaux sèches et celles qui étaient toutes mouillées de graisse, et tu as tout mis ensemble et gâté les unes avec les autres ? Qu’est-ce que cette folie ? – Comment maître, dit Ulespiègle, vous fâchez-vous pour cela ? Je n’y ai encore couché qu’une nuit. Vous vous fâcherez bien davantage quand j’y aurai couché pendant quatre nuits, comme vous m’avez dit de faire pour m’habituer à l’ouvrage. – Tu mens comme un mauvais garnement, dit le fourreur ; je ne t’ai pas dit de porter les peaux préparées au grenier, de retirer les peaux mouillées de la cuve et de mettre le tout ensemble pour dormir dedans. » Ce disant, il cherchait un bâton pour le battre. Ulespiègle se mit à descendre pour se sauver. En ce moment la dame et la servante montaient l’escalier, et voulurent le retenir. Il leur cria vivement : « Laissez-moi courir chez le médecin ; mon maître s’est cassé la jambe ! » En entendant cela, elles le laissèrent aller, et montèrent vite l’escalier. À ce moment