Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/251

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Jésus avait soif aussi de la foi de cette femme, car il a soif de la foi de tous les hommes pour lesquels il a répandu son sang. — S. Chrysostome : (hom. 31.) Nôtre-Seigneur non-seulement affronte courageusement les difficultés delà route, mais se montre plein d’indifférence pour la nourriture, car ses disciples ne portaient point de vivres avec eux, comme nous le voyons par la suite du récit : « Ses disciples étaient allés dans la ville acheter de quoi manger. » L’Evangéliste nous fait encore ressortir l’humilité de Jésus qui consentait à ce qu’on le laissât seul. Il aurait pu s’il avait voulu, ou en garder quelques-uns près de lui, ou a leur défaut, avoir d’autres serviteurs, il ne le voulut pas, pour apprendre à ses disciples à fouler aux pieds tout orgueil. On me dira, peut-être, quoi d’étonnant que les disciples fussent humbles eux qui n’étaient que de simples pécheurs et des fabricants de tentes ? Mais ne sont-ils pas devenus tout d’un coup plus dignes de vénération que tous les rois, eux les amis et les intimes du Seigneur de l’univers entier ? Ne voit-on pas en effet ceux qui sortent d’une condition obscure et qui sont élevés à quelque dignité, être plus accessibles à l’orgueil, et comme incapables de supporter le poids d’un si grand honneur ? Le Seigneur donc, en maintenant ses disciples dans les mêmes sentiments d’humilité, leur apprenait à se modérer en toutes choses. Or, cette femme trouve dans ces paroles du Sauveur : « Donnez-moi à boire, » une occasion tout naturel de lui faire cette question : « Comment vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire à moi qui suis Samaritaine ? » Elle présuma qu’il était Juif à sa figure et à son langage. Mais voyez la circonspection de cette femme, car si Jésus devait se garder de tout